Jordan Bardella : son annonce cinglante aprÚs la défaite du RN aux législatives (Page 1 ) | July 11, 2024
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Elle a traversĂ© la salle comme une ombre pour rĂ©pondre Ă  la presse. Pas de prise de parole sur l’estrade, un simple duplex sur TF1. Marine Le Pen s’est montrĂ©e trĂšs discrĂšte aprĂšs la claque Ă©lectorale reçue par le Rassemblement national dimanche soir. DonnĂ© grand favori du scrutin pendant toute la campagne, son camp a finalement terminĂ© Ă  la troisiĂšme place derriĂšre le Nouveau Front populaire et le camp prĂ©sidentiel, et reste cantonnĂ© dans l’opposition. Mais cette dĂ©sillusion peut-elle ĂȘtre un mal pour un bien pour la candidate Ă  la prĂ©sidentielle de 2027 ? Voici cinq raisons de le penser.

1. La « marée RN » continue de monter

Le parti de Jordan Bardella et ses alliĂ©s sont finalement trĂšs loin de la majoritĂ© absolue que leur promettaient les sondages durant la campagne. La vague RN n’a pas dĂ©ferlĂ© dimanche soir, mais la marĂ©e, elle, continue de monter. Le Rassemblement national a obtenu 9,38 millions de voix au premier tour, et mĂȘme 10,65 millions de voix en incluant les alliĂ©s d’Eric Ciotti. Il a Ă©galement rĂ©alisĂ© des percĂ©es inĂ©dites (33,22 % au niveau national), en arrivant en tĂȘte dans 297 circonscriptions (contre 110 en 2022 et seulement 20 en 2017) et en se qualifiant dans 485 circonscriptions sur 577 (contre 208 en 2022).

Surtout, le parti Ă  la flamme et ses alliĂ©s obtiennent un record de siĂšges avec 143 dĂ©putĂ©s Ă©lus (contre 89 en 2022 et seulement 8 en 2017). « Si on occulte la dĂ©ception de la majoritĂ© absolue, c’est une progression historique. On fait des Grands chelems sur des territoires comme l’Yonne, par exemple, et on reste le premier parti de France en voix, ce qui donne beaucoup d’espoirs pour la suite », assure Julien Odoul, dĂ©putĂ© de ce territoire. Dans leur viseur, la prĂ©sidentielle de 2027, mais Ă©galement les municipales de 2026, oĂč le RN espĂšre faire tomber de nombreuses villes dans son escarcelle.

2 Le Front anti-RN n’est plus aussi hermĂ©tique

Les dĂ©sistements Ă  gauche et dans le camp prĂ©sidentiel ont permis de faire battre des candidats RN dans de nombreuses circonscriptions. Mais le « front rĂ©publicain » n’est plus aussi hermĂ©tique qu’il ne l’était il y a encore deux ans. Plusieurs responsables politiques, d’Edouard Philippe à Bruno Le Maire, ont ainsi mis dos Ă  dos le RN et LFI.

Globalement, les Ă©lecteurs de gauche ont fait « front », mais pas ceux de droite, qui ont souvent prĂ©fĂ©rĂ© voter RN dans des duels avec le NFP (et surtout LFI), selon un sondage Ipsos. « Cela montre la rĂ©alitĂ© du soi-disant ”Front rĂ©publicain” », dit Julien Odoul. « Dans des dizaines de circonscriptions, nous avons perdu Ă  quelques centaines de voix, ce sont des circos que nous pourrons bientĂŽt gagner ».

3. Un « crash-test » avant 2027

Entre les sorties racistes et l’amateurisme de certains candidats, l’entre-deux tours a montrĂ© que le RN Ă©tait encore loin de la normalisation vendue ces derniĂšres annĂ©es. Jordan Bardella a d’ailleurs promis de faire le tri parmi « les brebis galeuses » pour les prochains scrutins (mĂȘme si certaines ont Ă©tĂ© Ă©lues). Par ailleurs, le RN pourrait (une fois encore) changer son programme en l’expurgeant des mesures clivantes ou anticonstitutionnelles, comme l’interdiction des postes « stratĂ©giques » aux binationaux. Les lĂ©gislatives auraient ainsi servi de « crash-test » pour rectifier le tir d’ici à 2027.

4. La stratégie de la cravate se poursuit

En attendant, les dĂ©putĂ©s RN vont poursuivre la stratĂ©gie choisie depuis 2022 : faire le moins de vague possible dans l’HĂ©micycle. « Beaucoup d’électeurs ont sans doute prĂ©fĂ©rĂ© voter pour nous que pour les troupes de MĂ©lenchon qui ont bordĂ©lisĂ© l’AssemblĂ©e nationale pendant deux ans Ă  coups de provocation », assure Julien Odoul. La situation politique inextricable actuellement, oĂč personne n’a la majoritĂ© absolue, pourrait d’ailleurs les favoriser.

5. La « hype » Bardella écornée

Une victoire nette du RN aurait propulsĂ© Jordan Bardella au poste de Premier ministre et compliquĂ© la tĂąche de Marine Le Pen pour reprĂ©senter son camp Ă  la prĂ©sidentielle 2027. Le patron du RN a portĂ© quasiment seul la campagne, dans la foulĂ©e de sa victoire aux europĂ©ennes. Au point que certains militants l’imaginaient dĂ©jà supplanter Marine Le Pen pour la prochaine prĂ©sidentielle


Mais l’eurodĂ©putĂ© de 28 ans a laissĂ© entrevoir quelques limites, lors des dĂ©bats ou par ses tergiversations programmatiques. « On commet toujours des erreurs, j’en ai commis, je prends ma part de responsabilitĂ© dans ce rĂ©sultat », a assurĂ© l’intĂ©ressĂ©. La « hype Bardella » est dĂ©sormais entachĂ©e d’une dĂ©faite Ă©lectorale. Marine Le Pen, en retrait ces derniĂšres semaines, ne pourra cette fois pas ĂȘtre comptable de la dĂ©faite. Elle devrait donc reprendre, sans trop de dĂ©bats, le flambeau en 2027.

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